Ces deux peintures brodées, nommées respectivement Esprit à l’oiseau et Esprit au lion, sont pensées comme des bannières mettant en scène deux personnages de «trickster» ou «fripon». en français. Cette figure présente dans différents folklores est celle d’un passeur entre le monde humain et celui des dieux ou des esprits. Ce lien qu’il établit entre deux mondes lui donne un caractère paradoxal. Il est tour à tour bon et mauvais, farceur et sérieux. C’est un personnage solitaire et subversif qui bouscule la hiérarchie des institutions divines et humaines. Sa complexité et sa dimension corrosive m’intéresse, et le font rejoindre le panthéon des figures auxquelles je m’attache dans mon travail, comme celle du fou ou de l’idiote.

La surface est teinte dans du curcuma, avant que le personnage ne soit peint puis brodé. Je considère la broderie comme un procédé graphique, qui vient inscrire en relief des motifs sur la toile, à ceci prêt qu’elle vient trouer la matière. Ainsi elle devient une cicatrice, et un tatouage. C’est aussi une image dans l’image, celle de motifs qui viennent parsemer les costumes des fripons, dépassant une simple fonction ornementale pour devenir de nouveaux personnages, animaux et végétaux. Autour du cou de l’Esprit à l’oiseau et de l’ Esprit au lion sont accrochées un ensemble de plumes de pie, faisane et canard, récoltées au gré de mes promenades