Les Ravis

Les Ravis, série de trois peintures, encre sur coton, 55x155 cm, 2023

Ces peintures se déroulent dans des espaces liminaires, entre la forêt et le village, dans des mondes à l’envers où coexistent des chimères parfois humaines, des animaux, des végétaux et des enfants. Ces univers, tour à tour festifs et lugubres, pourraient parler de la fin de l’hiver, de l’arrivée du printemps, du moment où l’on sort de l’hibernation et où la fête peut reprendre. Cependant le monde a déjà commencé à brûler, méga feux et tempêtes se multiplient...

Le titre, «Les Ravis», est polysémique. Le ravissement cela peut-être l’extase, un état de vif plaisir qui nous emporte et nous vole à nous même. Extase mystique ou psychotrope qui emmène le sujet dans un espace surnaturel. Le ravissement signifie également le rapt, comme ici celui d’enfants par le cheval blanc nommé Lou Drapé, créature fantastique de la Camargue. Enfin c’est le Ravi de la crèche provençale, celui qui est toujours heureux, les bras écartés, l’idiot du village. Marginal, s’il en est au sein du groupe social, mais que l’on pourrait imaginer, dans un renversement carnavalesque du système des valeurs comme étant le plus sage !

En reprenant des motifs carnavalesques, je décris un monde où les frontières sont perméables. Celle entre folie et raison, entre civilisation et sauvagerie, ainsi que la frontière établie par la pensée naturaliste qui mettrait à l’écart les humains du reste du vivant... La fascination que j’éprouve à l’égard du carnaval se base sur l’espace de liberté et de jeu qu’il représente dans les sociétés européennes depuis des siècles. Il est l’héritier de nombreuses fêtes païennes célébrant l’arrivée du printemps, et le témoin de survivances populaires. Batkin décrit le carnaval comme une cosmovision alternative caractérisée par le sapement de toutes les normes. L’un des fondements de ces festivités est l’exacerbation des principes matériels du corps (faim, soif, défécation, copulation,..) qui deviennent ainsi des forces corrosives positives.